Après une belle et atypique carrière, Didier Gouloumes, pilote d’ULM, prépare son grand départ. Il compte, dès le mois d’octobre, prendre une retraite bien méritée. Il revient sur ses quinze années de métier.
Né à Limoges, Didier Gouloumes s’installe à la Réunion en 1979. Il travaille alors dans le secteur du BTP (Bâtiment et Travaux Publics). C’est dans les années 1990, à Pierrefonds, travaillant à l’époque sur la construction du pont de la rivière Saint-Étienne, situé entre Saint-Louis et Saint-Pierre, que Didier fait son baptême de l’air en ULM (Planeur Ultra-léger Motorisé) au pied levé, avec son collègue, Eric. « Il était hors de question pour moi que je monte là-dedans. J’ai bu deux Ricards avant d’y aller ! Raconte-t-il, amusé. J’y ai finalement pris goût et je n’ai plus arrêté ».
Se découvrant ainsi une nouvelle passion, l’intrépide personnage, déjà adepte de motocross, déploie ses ailes vers sa nouvelle vie. C’est en 2005 qu’il décide de s’inscrire dans une école de pilotage, Papangue ULM, basée à l’aéroport de Roland-Garros, à Sainte-Marie, afin d’obtenir son brevet. Il prend dans un premier temps des cours d’avion avec un instructeur, avant de se laisser convaincre par Jean Hily et de se tourner vers l’ULM, avec qui il suit alors une formation de pilote d’ULM. « Pour devenir pilote, j’ai passé un brevet, avec une partie pratique et une partie théorique, similaire au code de la route, dont l’examen final était sous la forme d’un QCM d’une quarantaine de questions. Concernant la partie pratique, tant qu’on ne maîtrise pas un exercice à 100 %, sans stress, on ne passe pas à l’étape suivante, pour être sûr d’être capable de gérer la situation en cas d’imprévus lors d’un vol » explique-t-il. Il travaille au sein de cette société jusque 2008, comme pilote d’ULM et instructeur, où il donne des cours et forme une quinzaine d’élèves, avant de devenir directeur d’exploitation chez Alpha ULM, à Saint-Paul.
« C’est une passion, de voler. Je me souviens, à mes débuts, si je ne volais pas pendant trois jours, j’en étais malade ! », déclare-t-il. C’est aux commandes d’un FK9 SW, acheté par Adame Ahmed, propriétaire de la société Alpha ULM, en 2008, dont Didier s’occupe personnellement de l’entretien, qu’il fait découvrir à ses clients l’Île de la Réunion vue du ciel. C’est à bord de ce même modèle qu’il découvrait le ciel réunionnais à ses débuts chez Papangue ULM. En quinze ans de métier, Didier effectue approximativement cinq mille heures de vol, pour une moyenne nationale de cinquante heures maximum par an par pilote. En effet, le tourisme se prête à cette activité à la Réunion, où l’hiver est plus clément qu’ailleurs et où les vols sont possibles tout au long de l’année.
L’heure du grand saut
Il raconte son premier vol en solo : « Cela a été un coup de gueule ! Lance-t-il. C’était en pleine période de chikungunya. Il n’y avait pas beaucoup de client. Je prenais des cours avec mon instructeur tous les jours et je me sentais prêt. Un samedi matin j’ai dit ; on y va ! Je l’ai déposé et j’ai décidé moi-même de me lancer. J’ai obtenu mon brevet le lundi ». Son vol le plus long, Didier le réalise chez Alpha ULM. Cela reste pour le passionné, un très bon souvenir. « Ce jour-là, la météo était super bonne et mon passager, très agréable. Le vol a duré environs une heure et demie. Je rallonge parfois les parcours, quand je vois que la personne apprécie vraiment l’expérience, développe-t-il. Cette fois-ci, j’ai décidé de voler trente minutes de plus que la durée initiale du circuit choisi par le client ».
« Il faut savoir rester humble et ne pas se dire : le ciel m’appartient. Il faut se fier aux nuages qui bougent, c’est un indice de turbulence. De manière générale, les machines sont fiables, c’est le facteur humain qui cause des accidents », affirme-t-il. Bien préparé aux éventuels incidents, Didier ne s’est jamais vraiment inquiété des secousses. Il partage une petite anecdote ; « Il y a des fois, tu te demandes ce que tu fais là-haut ! Il m’est arrivé, avec un passager, d’avoir une panne de moteur au décollage. Il y a eu un bug, puis un retour de flamme et plus de puissance. C’est le pire qu’il puisse se passer. Quand on a touché le sol, on a été bien secoués. L’engin est mort, mais nous on est vivants ! Je lui ai dit ; ça va ? Oui ? Hé ben on descend ! ». Pour le passionné, dans ce genre de situation, le facteur chance joue beaucoup, mais le principal est de savoir garder son calme.
Ce que le pilote apprécie le plus lors des vols, c’est l’émerveillement des passagers. Le partage de leurs impressions, c’est ce qui d’après lui, rend un vol agréable. « Il y a déjà eu des larmes. Les clients étaient époustouflés. Ça me plaît de faire découvrir cela aux gens. ». Les paysages qu’il prend le plus de plaisir à survoler, ce sont les cirques, changeants suivant la météo, ainsi que le lagon. « Quand j’ai commencé ce métier, je survolais souvent le volcan, par habitude. Mais ce n’est pas le plus joli. Mafate me plaît particulièrement. C’est très beau et le fait qu’on ne puisse pas y aller en voiture, ce côté inaccessible, ça ajoute quelque chose. », indique-t-il. Didier s’est également rendu trois fois à Maurice à bord de son aéronef. Une première fois en 2009, avec Papangue ULM, puis avec Amhed, gérant d’Alpha ULM.
Didier fait partie de la commission de discipline et est le seul à la Réunion à avoir eu le label montagne ULM. Il prendra, dès le mois d’octobre, une retraite bien méritée, tout en souhaitant, comme mot de la fin, une longue vie à l’aéronautique.
Texte Célia Mussard
Photos Pierre Marchal
Un ami qui a permis à mon homme de réaliser son rêve , merci Goulou !
Un grand pilote que m’a appris énormément